INSTITUT DU CHAMP FREUDIEN
sous les auspices du Département de Psychanalyse de l'Université Paris VIII.

Section Clinique de Lyon

& Antenne de Grenoble

UFORCA-Lyon pour la formation permanente, association loi 1901, est enregistrée sous le numéro 82 69 04834 69 auprès du Préfet de la région Rhône-Alpes.  

N° de SIRET: 402 169 023 00015. 

La certification qualité a été délivrée au titre de la catégorie d’action suivante : Actions de formation

Une pratique de soins précoces pour les enfants en situation de handicap 

 

Sous la direction de Jocelyne Huguet-Manoukian, psychanalyste,

et Monique Perrier-Genas, psychomotricienne.

Préface de Roger Salbreux

Postface de Jacques Borie

Coll. Trames, Éditions Érès, Toulouse 2016, 232 pages.

 

Publications des participants

Présentation par Françoise Guérin:

Quelle bonne surprise que ce petit livre polyphonique, fruit du travail de toute une équipe pluridisciplinaire rassemblée autour d’une psychomotricienne et d’une analyste !
Le CAMSP de Vienne a vocation d’accueillir et d’accompagner les enfants de 0 à 6 ans quels que soient les handicaps moteurs, sensoriels ou psychiques qui les affectent et quelle qu’en soit l’étiologie : grande prématurité, hasard ou logique obscure de la génétique, souffrances néonatales, etc. Souvent, leur naissance a coïncidé avec une hospitalisation qui s’est poursuivie de longs mois et un dispositif de co-consultation avec le service qui les adresse constitue une porte d’entrée au CAMSP. Pour les parents, le temps s’est arrêté face au réel du corps de l’enfant, à la brutalité d’un diagnostic et à l’incertitude qui entoure le pronostic, alors que, paradoxalement, il s’accélérait au rythme d’une urgence vitale qui a convoqué la science et ses appareillages autour du berceau. 
Dès l’introduction, le ton est donné : accueillir l’enfant ne peut se faire sans une attention soutenue à ses parents, à leurs blessures indicibles et aux défenses désespérées qui sont à l’œuvre. Foin des standards et des protocoles, la rencontre est d’abord celle d’un autre, nullement interchangeable, qui peut faire preuve de finesse et d’une infinie patience.

Après un bref historique du dispositif, nous entrons dans le vif du sujet avec des textes très cliniques écrits par les différents professionnels : pédiatre, pédopsychiatre, médecin de rééducation fonctionnelle, orthophonistes, kinésithérapeutes, éducatrice spécialisée, ergothérapeute, assistante sociale, psychomotriciennes, psychologue et psychanalyste. Chacun, avec son style propre et ses outils d’analyse spécifiques, fait le récit d’une rencontre, toujours singulière, avec un tout-petit et sa famille. Très vite, malgré la diversité des approches, quelque chose émerge, qui relie tous ces récits : pour qu’il y ait rencontre, il faut, à l’évidence, supposer qu’un sujet se construit et ne demande qu’à être rencontré. Étrange acte de foi qui n’est pas sans produire des effets. Là où les corps abîmés sidèrent et provoquent plus de paroles que de dire, il se trouve des soignants pour se risquer à débusquer le sujet, à soutenir son avènement à partir de son savoir naissant sur le monde, ses minuscules trouvailles, ses grandes inventions et ce qu’il manifeste de son désir. Au fil des pages, on saisit comment se construisent des dispositifs ajustés à chaque situation, à l’articulation de plusieurs champs, de plusieurs métiers.

La seconde partie de l’ouvrage interroge plus précisément les modalités, richesses et limites de cette transdisciplinarité assumée, et à quelles conditions il est possible de travailler à plusieurs dans une institution médicosociale.

Quelles que soient les écritures, ce qui caractérise l’ensemble de ces textes, c’est d’avoir su rendre compte de l’ingéniosité et de la persévérance nécessaire pour aller à la rencontre de ces très jeunes enfants « empêchés ». Face à ces corps, objets de soins incessants et souvent impensables, il importe de se départir un peu du savoir qui fait écran à ce qui se déploie dans la rencontre, de se laisser faire pour repérer comment ces petits sujets engagent leurs propres solutions. Le désir, plus que le savoir, guide donc ces praticiens d’une clinique à main nue, attentive aux petits signes et pariant sur la créativité de l’enfant et de sa famille. Une telle rencontre n’advient et ne s’inscrit dans le temps que si les soignants y vont de leur désir et sont en mesure de supporter leur castration. Cela implique parfois de reconnaître l’impossible pour le tenter, en évitant de se retrancher derrière un savoir aimable qui ne dit rien de la manière de faire avec ces petits sujets et ce qui les affecte, toujours au un par un.

Un livre enseignant à bien des égards, y compris si l’on n’exerce pas spécifiquement dans le champ du handicap.